Comprendre le syndrome de Marfan et sa famille élargie
Le syndrome de Marfan (MFS) est un trouble génétique causé par un défaut dans le gène FBN1. Ce gène contient les instructions pour fabriquer la fibrilline-1, une protéine qui agit comme une clé de voûte pour les tissus conjonctifs du corps—le "squelette" qui apporte force et flexibilité à tout, de la peau et des os aux vaisseaux sanguins. La fibrilline-1 aide également à réguler une protéine puissante appelée facteur de croissance transformant bêta (TGF-β), qui dirige la croissance cellulaire. Dans le MFS, la fibrilline-1 défectueuse cause une activité excessive de TGF-β, entraînant les caractéristiques caractéristiques du syndrome, comme une grande taille, une silhouette mince et des problèmes graves avec le cœur, les os et les yeux.
Le MFS appartient à une famille plus large de troubles héréditaires des tissus conjonctifs. Les conditions connexes, telles que le syndrome de Loeys-Dietz (LDS) et le syndrome d'Ehlers-Danlos hypermobile (hEDS), partagent souvent des caractéristiques communes comme l'hypermobilité des articulations et des problèmes vasculaires. Ce chevauchement, souvent dû à une perturbation des voies biologiques communes comme le réseau TGF-β, peut rendre le diagnostic complexe et souligne comment les changements génétiques affectant le tissu conjonctif peuvent avoir des effets répandus dans tout le corps.
Ce chevauchement dans les caractéristiques physiques n'est pas simplement une curiosité ; il forme un pont critique pour comprendre un lien potentiel avec le neurodéveloppement. Pour voir comment, nous devons d'abord examiner les caractéristiques physiques qui sont étonnamment courantes dans la population autiste.
Le pont vers le neurodéveloppement : Traits physiques dans l'autisme
Bien que le trouble du spectre autistique (ASD) soit défini par ses effets sur la communication sociale et le comportement, la recherche montre que certaines caractéristiques physiques sont plus courantes chez les individus autistes. Beaucoup de ces traits chevauchent ceux observés dans les troubles héréditaires des tissus conjonctifs, suggérant une connexion biologique plus profonde.
- Hypermobilité articulaire : Ce trait, souvent appelé être "doublement articulé", est la marque de nombreux troubles des tissus conjonctifs et est également significativement plus fréquent chez les individus autistes. Cette laxité tissulaire sous-jacente peut provoquer une instabilité articulaire, des douleurs chroniques et des blessures fréquentes.
- Hypotonie (tonus musculaire faible) : L'hypotonie peut faire qu'un nourrisson semble "flasque" et affecte la posture et les compétences motrices jusqu'à l'âge adulte. C'est une constatation fréquente chez les jeunes enfants ultérieurement diagnostiqués avec l'autisme et c'est également une caractéristique documentée du MFS.
- Défis moteurs et proprioceptifs : La proprioception est le sens que le corps a de sa position dans l'espace. Les difficultés ici, souvent liées à l'hypermobilité et à l'hypotonie, peuvent se manifester par de la maladresse ou une démarche atypique et sont courantes tant chez les personnes autistes que chez celles présentant des troubles des tissus conjonctifs.
Une connexion plus profonde : chevauchement clinique entre le MFS et l'ASD
Bien que les chevauchements physiques soient frappants, la recherche suggère que la connexion entre le syndrome de Marfan et le trouble du spectre autistique est plus profonde que le partage de types corporels. Des études fouillant d'immenses dossiers médicaux ont trouvé que ces deux conditions coexistent plus fréquemment que prévu par hasard, pointant vers des racines communes dans les processus biologiques fondamentaux du corps.
La connexion du chemin TGF-β
Comme mentionné précédemment, le MFS implique une activité excessive dans le chemin TGF-β. Ce même chemin est également vital pour le développement cérébral, aidant à former des synapses et à construire des circuits neuronaux. La recherche suggère désormais que la dysrégulation de TGF-β observée dans le MFS pourrait être un facteur commun contribuant à ses traits physiques et aux différences neurodéveloppementales trouvées dans l'autisme.
Différences de structure cérébrale
L'idée qu'un trouble des tissus conjonctifs puisse affecter le cerveau est soutenue par des études d'imagerie. La recherche a identifié des différences structurelles dans les cerveaux d'individus avec des conditions liées à l'hypermobilité, en particulier dans des zones comme l'amygdale, qui est cruciale pour le traitement des émotions. Ce sont les mêmes régions cérébrales souvent trouvées comme étant structurellement et fonctionnellement différentes chez les individus autistes. Cela suggère que le "squelette" du corps est également important pour la façon dont les cellules cérébrales trouvent leur place appropriée pendant le développement.
Un gène, de nombreux effets
Le lien pourrait également être expliqué par un principe génétique simple : un seul gène peut influencer plusieurs traits apparemment non liés. Le gène FBN1 dans le syndrome de Marfan est un parfait exemple. Son rôle principal est de construire du tissu conjonctif, mais son influence sur le chemin TGF-β lui donne un impact beaucoup plus large. Il est plausible que les effets de ce gène unique s'étendent également au cerveau, influençant son développement de manière à contribuer aux traits autistes. Cela signifie que le MFS et l'ASD peuvent ne pas toujours être des conditions distinctes, mais des expressions différentes du même problème génétique central.
Preuves issues des études de population
Les chevauchements biologiques et cliniques convaincants sont renforcés par des preuves issues d'études de population à grande échelle. Ces enquêtes montrent que la co-occurrence de l'autisme et de divers troubles liés à l'hypermobilité est un phénomène statistiquement significatif.
Dans une analyse massive de plus de 110 millions de dossiers de patients, les chercheurs ont découvert une comorbidité significative entre le syndrome de Marfan et l'ASD, un lien qui n'avait pas été largement rapporté auparavant. Cette découverte fournit un soutien statistique fort aux observations cliniques.
Cette connexion n'est pas unique au MFS. Une étude suédoise marquante a trouvé qu'un diagnostic d'ASD était plus de sept fois plus courant chez les individus atteints de syndromes d'Ehlers-Danlos (EDS) par rapport à la population générale. D'autres études ont trouvé des taux d'autisme également élevés dans l'ostéogenèse imparfaite (maladie des os fragiles), suggérant un lien large entre l'intégrité des tissus conjonctifs et le neurodéveloppement.
De plus, certains syndromes génétiques connus pour avoir des taux élevés d'autisme co-occurrence présentent également des signes d'un trouble des tissus conjonctifs. Par exemple, le syndrome d'X fragile, la cause la plus courante d'autisme liée à un gène unique, est également caractérisé par une hypermobilité articulaire, une peau douce et des pieds plats, suggérant un lien développemental profond entre la structure du corps et la fonction du cerveau.